12e Apéro scientifique à lAcadémie Empa
Un air épais et tout ce que nous respirons encore
Nous séjournons chaque jour plus de 20 heures à lintérieur de locaux et la qualité de lair intérieur est ainsi un facteur important pour notre bien-être. Notre nez nous signale sinon très rapidement: Attention air épais! Tout ce qu nous respirons encore et quels sont les polluants que lon trouve aussi dans lair atmosphérique, cest de cela quont parlé les trois orateurs de lApéro scientifique du 30 juin 2003 à lAcadémie Empa.
Dans son exposé intitulé «Cette maison me rend malade», Roger Waeber de lOffice fédéral de la santé publique a énuméré les différentes sources qui peuvent éventuellement provoquer une pollution de lair dune pièce dun bâtiment. Les matériaux de construction, des meubles imprégnés ou des produits dentretien domestiques peuvent émettre des substances chimiques dangereuses. Souvent lors dun changement de locataire par exemple, des travaux de rénovation doivent être effectués dans des délais bien trop brefs pour que les solvants toxiques puissent sévaporer totalement. Les colles bicomposantes utilisées pour les bricolage émettent elles aussi des polluants et même le cervelas oublié dans la poêle et carbonisé pollue lair intérieur avec des particules de suie. Et la fumée du tabac provoque elle aussi une pollution importante de lair intérieur.
Limites dans lévaluation toxicologique des substances isolées Lors de lévaluation de cas concrets, la question est de savoir à quels polluants les personnes touchées ont été exposées et quelle a été la durée de cette exposition. En effet, suivant la localisation et les caractéristiques dune substance, lexposition peut se produire non pas seulement à travers lair ambiant mais aussi par dautres voies et une aération régulière nest alors plus suffisante. Les personnes touchées se plaignant le plus souvent de troubles non spécifiques et une évaluation toxicologique de chaque substance isolée nest alors plus non plus suffisante et il devient nécessaire denvisager lair pollué ou vicié dune manière globale. Cest aussi en faveur de cette approche que plaide Hartmut Frank, professeur de chimie de lenvironnement et décotoxicologie à lUniversité de Bayreuth. Alors que les effets combinés sont par exemple un domaine bien étudié pour les médicaments, on ne sait que de chose à leur sujet dans la recherche sur lhygiène de lair, cela bien les problèmes de protection de lair existent depuis le début de lère industrielle. Des succès ont été remportés dans la lutte contre la pollution de lair dans les villes par les carburants fossiles ou les gaz libérés par la putréfaction des déchets ménagers qui ont portés atteinte à la santé des habitants au cours des siècles passés. La qualité de lair et ainsi aussi la qualité de la vie dans les villes sest constamment améliorée en Europe du fait des mesures de la pollution et de la législation introduite dans ce domaine. Le monitorage de la qualité de lair présente toutefois aussi ses risques; des données non fiables peuvent conduire à des conclusions erronées. Des substances toxiques qui napparaissent quen très faibles quantités mais qui sont très actives peuvent être ainsi éventuellement ignorées, conduisant ainsi à une erreur dévaluation des risques.
Une meilleure compréhension des risques grâce à la collaboration interdisciplinaire Frank plaide encore en faveur dune approche interdisciplinaire qui seule permettra de mieux connaître et évaluer les risques de la pollution de lair. En plus dun contrôle fiable des émissions, il est nécessaire deffectuer encore des études écotoxicologiques intégrant les connaissances sur les processus de déposition et de résorption avec des expériences sur les effets des polluants pour fixer finalement des valeurs limites. Marin Kohler du laboratoire de chimie organique de lEmpa a présenté quelques travaux avec lesquels lEmpa contribue à la protection de lair. Cest ainsi que lEmpa assure avec lOFEFP lexploitation Réseau national d'observation des polluants de l'air (NABEL). Alors que les concentrations des polluants «classiques» tels que le dioxyde de soufre ont pu être notablement réduites grâce aux mesures techniques prises, lattention se porte aujourdhui de plus en plus les polluants organiques persistants.
Les polluants organiques persistants (POP) Les POP sont transportés sur de grandes distances dans latmosphère, ils ne sont pour ainsi dire pas dégradables et saccumulent dans la chaîne alimentaire. Ils peuvent perturber le fonctionnement du système endocrinien de lhomme, provoquer des troubles neurologiques et du développement et sont soupçonnés dêtre cancérigènes. LEmpa a effectué des travaux sur les POP, par exemple sur les biphényles polychlorés (PCB) utilisés par le passé comme plastifiant dans les mastics pour joints. Dans une autre étude sur lenrichissement des ignifugeants bromés, elle a montré que certains de ces ignifugeants (PBDE) utilisés pour imprégner les textiles et les mousses plastiques, se retrouvent dans la chair des poissons des lacs suisses. Il est probable que ces ignifugeants bromés sont transportés essentiellement dans latmosphère et parviennent ainsi dans la chaîne alimentaire. | ||
Renseignements: Dr Martin Kohler
Rédaction: | ||