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Rénovation

Vers un parc immobilier à haute efficacité énergétique

20 janv. 2020 | KARIN WEINMANN

Le chauffage, l’eau chaude et le courant électrique engloutissent de grandes quantités d’énergie et génèrent d’importantes émissions de CO2. L’assainissement énergétique des bâtiments peut réduire cette consommation. Mais comment utiliser au mieux l’argent disponible, sur quel type de bâtiments? Des chercheurs de l’Empa étudient la question.

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L’assainissement des bâtiments existants permet d’en améliorer massivement l’efficacité énergétique. Image: iStock

En Suisse, environ 40% de l’énergie finale est consommée par les bâtiments. La majeure partie va à la production de chaleur. Mauvaise nouvelle pour le climat: près de deux tiers de tous les bâtiments du pays sont chauffés au mazout ou au gaz, ce qui nous place en tête des pays européens. A lui tout seul, le chauffage a rejeté en 2018 quelque 15,8 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. La bonne nouvelle est qu’il existe un fort potentiel de réduction de ces rejets sans aucune perte de confort. La formule magique: l’assainissement énergétique.

Les différences de consommation entre bâtiments sont énormes. Un bâtiment mal isolé peut consommer annuellement jusqu’à 300 kWh par mètre carré, alors qu’un bâtiment aux normes Minergie en consommera au plus le dixième. Il faut donc assainir. Mais par où commencer? Un immeuble locatif des années 1920 rénové en 1990? Ou plutôt la villa 1975 dans son état original? Et à quoi consacrer l’argent pour obtenir le meilleur résultat? Refaire le toit? Mieux isoler les murs? Remplacer la chaudière par un modèle plus récent, voir remplacer tout le système de chauffage? Changer d’appareils électriques? Installer des panneaux solaires?

Les possibilités sont nombreuses et les moyens généralement limités. D’un point de vue économique, il n’est pas pertinent d’améliorer à grands frais une construction aux performances satisfaisantes pour aller frôler le nec plus ultra alors que, pout le même montant, on pourrait assurer l’efficacité énergétique d’un vieux bâtiment.

L’équipe de Kristina Orehounig, du département «Urban Energy Systems» de l’Empa, s’est penchée sur la question afin de lui trouver un jeu de réponses pratiques. Leur objectif: identifier les mesures qui, appliquées à bon escient, permettent la plus forte réduction des émissions de CO2.

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Le grand pas: renoncer au chauffage par énergie fossile. Image: iStock
Bâtiments archétypiques

Les chercheurs ont commencé par classer les bâtiments suisses en fonction de divers critères: époque de construction, type de bâtiment, nombre de logements ou de locaux professionnels, nombre d’étages. Ils ont également pris en compte les différences régionales telles que le potentiel solaire et le nombre de jours chauffés. Ils ont ainsi constitué un ensemble de 1000 bâtiments archétypiques, 500 maisons individuelles et 500 immeubles d’habitation. Les données montrent que la plupart de ces bâtiments ont été construits entre 1959 et 1994, et que plus de 75% disposent d’un boiler électrique ou à énergie fossile. Les bâtiments commerciaux peuvent être classés en 45 archétypes: 9 types de restaurants, d’écoles, d’hôpitaux, d’immeubles de bureaux et de magasins.

La seconde étape a consisté à identifier les mesures permettant d’éviter les émissions de gaz à effet de serre. Citons en premier lieu l’assainissement de l’enveloppe du bâtiment: isolation renforcée du toit, des murs et des planchers, remplacement des portes et fenêtres. On peut également adopter des techniques efficaces telles que les pompes à chaleur, ou alors recourir aux énergies renouvelables telles que le thermique solaire, le photovoltaïque ou les chaudières à biomasse.

Solution optimale en fonction de l’année de construction
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La Suisse s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre au quart de leur valeur actuelle d’ici 2050. Pour atteindre cet objectif, il faut selon «La voie SIA vers l’efficacité énergétique» de la Société suisse des ingénieurs et architectes réduire chaque année les émissions de la construction et de l’exploitation des bâtiments assainis de 10 kg de CO2 par mètre carré. Les chercheurs de l’Empa ont pris ce nombre comme base de calcul pour définir la voie la plus économique de parvenir à l’objectif final. Tous types de bâtiments confondus, sa mise en œuvre représente 384 francs par tonne de CO2 épargnée. Il y a de grosses différences entre types de bâtiments. C’est dans les immeubles d’habitation que le franc est le mieux investi en termes de CO2 économisé. Viennent ensuite les écoles et les immeubles de bureaux.

Mais quelles mesures appliquer à quelle catégorie de bâtiments pour atteindre l’objectif souhaité? Premier constat, immédiat: les maisons chauffées à l’électricité, au mazout ou au gaz n’ont presque aucune chance d’atteindre la performance souhaitée, même lorsqu’on en a entièrement assaini l’enveloppe. Pour ramener les émissions de CO2 au niveau visé, il est nécessaire – quelle que soit en gros l’année de construction du bâtiment – de recourir au chauffage à distance, au chauffage par biomasse ou à des pompes à chaleur, en combinaison avec des panneaux solaires et des solutions de stockage. Seuls les bâtiments construits après 2010 présentent quelque cas exceptionnel pouvant atteindre le niveau souhaité avec un chauffage à gaz ou à mazout.

Après l’optimisation du système énergétique, il faut passer à l’enveloppe. Pour la majorité des bâtiments construits après 1995, une isolation supplémentaire s’avère superflue.

L’enveloppe des bâtiments plus anciens n’a pas automatiquement besoin d’être entièrement refaite. Même celle des bâtiments des années 1919 à 1948, dont les valeurs sont les moins bonnes, ne doit être entièrement refaite que dans un cas sur cinq. Dans 60% des bâtiments de cette époque, il suffit de mieux isoler les murs et les fenêtre. Pour les bâtiments de la période suivante – jusqu’en 1979 – c’est le toit qui doit être assaini en premier.

Prenons du recul et considérons l’ensemble des habitations de toutes les époques. Six mesures permettraient aux deux tiers d’entre elles d’atteindre l’objectif des 10 kg CO2 par mètre carré et par année: isoler le toit ou la façade, changer les fenêtres et installer du photovoltaïque combiné avec des accumulateurs, enfin un chauffage par biomasse ou pompes à chaleur, solutions les plus avantageuses.

Aborder la question à l’échelle du quartier

Les chercheurs ont intégré à leurs calculs les possibilités du chauffage à distance. Alors que les réseaux de chauffage à distance à énergie fossile représentent souvent la solution le meilleur marché, on les remplace de plus en plus par des techniques à moindre empreinte CO2 telles que l’utilisation des rejets thermiques. La différence entre régions urbaines et campagne est ici très claire. En ville, les bâtiments sont proches les uns des autres et le chauffage à distance s’avère être un moyen rentable de réduire les émissions de CO2. A la campagne, les solutions individuelles par bâtiments sont préférables.

Conclusion des chercheurs de l’Empa: le potentiel est effectivement énorme. Si l’on appliquait les mesures préconisées à l’ensemble du parc immobilier suisse, on pourrait – dans certaines catégories de bâtiments – en réduire les émissions jusqu’à 80%. Le secteur du bâtiment peut donc contribuer de manière essentielle à l’amélioration de la durabilité du pays.

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Rédaction / Contact médias

Karin Weinmann
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