Gérer les contaminations après incendie

Le danger guette aussi sous les décombres et les cendres

Jul 14, 2003 | BEAT ASCHWANDEN

Lors d’un incendie, des substances tout à fait normales et inoffensives peuvent donner naissances à des produits et à des résidus de combustion complexes et hautement toxiques. Comment détecter ces substances et comment décontaminer les immeubles touchés, ce sont là les thèmes qu’ont discutés les quelques 100 spécialistes qui s’étaient réunis le 24 juin 2003 à l’Académie Empa.

/documents/56164/318676/a592-2003-07-04-b1m+Kontamination.jpg/1ee7df75-75d7-489d-8907-c5bbafefc2e9?version=1.0&t=1448308786424
Des spécialistes équipés de vêtements de protection décontaminent un bâtiment après un incendie.
 

La fréquence des dommages d’incendie critiques et dangereux pour l’environnement  a certes diminué ces dernières années, mais les événements de ce genre représentent toujours un défi pour les assureurs et tous les spécialistes impliqués dans la gestion des dommages. De plus les mesures d’assainissement doivent répondre à des critères de durabilité et ne receler aucun risque pour la santé des personnes chargées de les appliquer.
Au contraire des aspects juridiques et financiers des sinistres, les forums de discussion sur les aspects opératifs pratiques de la gestion des sinistres sont très rares en Suisse. Le séminaire «Les contaminations après incendie» qui s’est tenu à l’Académie Empa est un premier pas dans cette direction.

 

Déceler tout d’abord les substances toxiques

Les experts qui arrivent sur le lieu d’un sinistre après incendie doivent décider rapidement si un bâtiment peut être libéré ou s’il doit auparavant être décontaminé et nettoyé par des spécialistes équipés de scaphandres de protection complets. De telles décisions ne peuvent être prises que sur la base de résultats d’analyses que seules des laboratoires spécialisés tels que l’Empa sont en mesure d’effectuer. La prise d’échantillons sur place est déjà importante. Si, par exemple, on n’analyse que l’air, les toxiques qui se sont déposés avec les cendres sur le sol ne sont pas décelés. Seule des analyses chimiques fort complexes permettent de déceler la présence de certaines substances très problématiques telles que les dioxines, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ou les métaux lourds tels que le mercure ou le cadmium. Ce séminaire se proposait d’offrir aux experts en matière d’assurances et aux spécialistes de la décontamination un forum pour un échange de savoir et d’expérience.

 

Un vaste thème

L’Empa et le Allianz-Zentrum für Technik (AZT) à Ismaning (D) s’occupent depuis plus de 20 ans des problèmes que soulèvent les dégâts consécutifs aux incendies. Dans son exposé, le représentant de l’AZT a décrit les substances problématiques qui se forment lors de la combustion de certains matériaux alors que les spécialistes de l’Empa ont exposés les méthodes d’analyse utilisées pour déceler ces substances et permettre ainsi une évaluation de la toxicité et une estimation des risques. Les collaborateurs de la firme Belfor (Suisse) SA et de l’Empa ont décrit le défi que représente sur le plan logistique un assainissement après incendie tel que celui qui s’est produit il y a quelques années au CERN sur le plus grand accélérateur de particules du monde et qui a provoqué la mise au chômage technique de 1500 physiciens durant trois mois. Les aspects de la gestion des risques en matière d’assurance, qui devrait en fait tirer profit de l’expérience acquise dans les assainissements ainsi que le point de vue d’un inspecteur des sinistres, qui se trouve toujours «entre deux fronts», ont été abordés dans des exposés présentés par des praticiens de la branche des assurances. Le représentant de la firme Belfor International Sarl a soulevé quelques questions critiques: Au lieu de toujours rechercher la présence de dioxines («Connaissez-vous une personne morte suite à un contact avec de la dioxine?», ne faudrait-il pas mieux se consacrer à l’étude d’autres substances dangereuses telles que les hydrocarbures aromatiques polycycliques? Ceux-ci se trouvent en effet aussi dans la fumée du tabac, les gaz d’échappement des moteurs Diesel et dans la fumée des grills, etc. «Ce qui nous est familier ne nous semble pas dangereux» Il a également émis l’idée de la création sur le plan national d’une équipe spécialisée pour les grands sinistres et les cas complexes. Ces questions et d’autres encore ont fait l’objet d’une discussion animée lors de la discussion plénière où se sont aussi élevés des voix en faveur de la création d’un programme de recherche sur la durabilité des assainissements après incendie. On constate souvent par exemple qu’après un tel assainissement les installations électriques fournissent un meilleur rendement qu’avant le sinistre. Une telle amélioration est un fait mesurable, mais par contre on connaît encore peu de chose sur le comportement à long terme des installations soumises à un assainissement après incendie.

 

Renseignements:

René Werner
Abteilung Metallische Werkstoffe
Tél. +41-1-823 47 74
E-mail:

 

Contact Communication:

Sabine Voser
Tél: +41-1-823 45 99
E-mail: