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Legende: Puce deau, Daphnia magna (Source: Christian Rellstab, Eawag) Une semaine durant près de 110 scientifiques de 21 pays ont procédé à un échange dopinions sur les derniers résultats de la nano-recherche et de la nanotoxicologie. Ou plus exactement sur tout ce quils ne savent pas encore. En effet ce domaine de la recherche est encore jeune et bien des choses restent encore peu claires. Ceci nest guère étonnant si lon considère quil sagit là de relations et de questions extrêmement complexes telles que: Comment (et en quelles quantités) les nanoparticules synthétiques des «nanoproduits» sont libérées dans lenvironnement? Quelle est lampleur des nuisances à laquelle il faut sattendre, par exemple dans le sol et dans les eaux? Quelles sont au juste les méthodes danalyse qui se prêtent à lanalyse des nanoparticules souvent présentes en des quantités «homéopathiques» seulement dans les échantillons prélevés dans lenvironnement? Et quels sont les effets de ces minuscules particules sur les poissons, les insectes, les bactéries, les plantes sur tout ce qui nage, rampe, marche ou vole? |
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Sur la trace des nanoparticules synthétiques dans lenvironnement «Il est naturellement encore bien trop tôt pour juger de manière définitive si les nanoparticules constituent ou non un problème pour lenvironnement», explique Bernd Nowak du laboratoire «Technologie et société» de lEmpa qui avait organisé cette conférence avec des collègues de lOfficie fédéral de lenvironnement (OFEV) et de la Duke University de Durham aux USA. Malgré cela, cet environnementaliste est plus que satisfait des résultats de cette rencontre. Les échanges entre les milieux de la recherche américaine et la scène scientifique européenne dans les ateliers et les groupes de discussion «ont fourni de nombreuses nouvelles impulsions et idées nouvelles.» Des premiers résultats concrets ont aussi été présentés. Dans un projet de coopération avec lEmpa portant sur le comportement au délavage des nanoparticules dans les matériaux de construction, le chercheur de lEawag Ralf Kägi et ses collègues sont parvenus à déceler pour la première fois des nanoparticules doxyde de titane (TiO2) synthétiques dans un échantillon deau dun cours deau suisse. Le TiO2 est utilisé par exemple dans les peintures autonettoyantes mais aussi comme filtre solaire physique dans les cosmétiques. Ces particules de TiO2 décelées proviennent probablement des revêtements des façades de bâtiments on les trouve en effet en quantités relativement élevées dans les eaux de ruissellement des façades et elles parviennent à travers les canalisations dans les eaux de surface où elles sont fortement diluées et donc fort difficilement décelables. La preuve que ces particules de TiO2 étaient dorigine artificielle (le TiO2 se trouve aussi naturellement dans le sol) a été fournie par leur taille et leur morphologie que les chercheurs ont examinées à laide dun microscope électronique à transmission. Les scientifiques de lEmpa et de lEawag sont actuellement en train déquiper ensemble un nouveau «Laboratoire des nanoparticules» permettant dappliquer de nouvelles techniques de mesure. De plus un appareillage de séparation granulométrique des nanoparticules sera couplé avec un appareil danalyse ultrasensible pour pouvoir procéder à lanalyse chimique des particules ainsi «triées». Selon la scientifique de lEmpa Andrea Ulrich, ce nouveau laboratoire sera utilisé avant tout pour étudier le comportement de nanoparticules telles que les nanoparticules dargent ou doxyde de titane dans les aux usées, les cours deau et les lacs. Plusieurs exposées présentés lors de cette réunion traitaient aussi des nanoparticules naturelles. Ainsi le chercheur américain Lawrence Murr de lUniversité du Texas à El Paso a montré que des nanotubes de carbone (NTC) et dautres nanoparticules semblables étaient largement répandus dans les échantillons dair prélevés aux alentours de cette ville. Des chercheurs américains ont également isolés des NTC dans des carottes de glace datant dune dizaine de milliers dannées prélevées au Groenland. Selon Murr, ces études montrent que les nanotubes considérés jusquici comme anthropogènes autrement dit créés par lhomme peuvent aussi avoir une origine naturelle. |
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| Particules dun échantillon deau prélevé dans un ruisseau traversant une agglomération, micrographie électronique à transmission. On identifie clairement la présence de nanoparticules doxyde de titane TiO2 (en bas à droite). . | | | LEmpa simule les flux de matière des nanoparticules dans lenvironnement Pour fournir aux spécialistes en analyse un premier indice sur les échantillons de lenvironnement dans lesquels il pourrait «valoir la peine» de rechercher la présence de nanoparticules synthétiques, les scientifiques de lEmpa Bernd Nowak et Nicole Müller ont simulé sur ordinateur les flux de matière pour trois nanoparticules différentes, soit les nanoparticules dargent, les nanoparticules doxyde de titane et les nanotubes de carbone (NTC). Les nanoparticules dargent possèdent des propriétés antibactériennes (et aussi anti-odeurs) et sont utilisées par exemple dans lindustrie textile; les NTC sont actuellement principalement utilisés dans lindustrie électronique et dans lindustrie des polymères. |
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Pour cela ils ont «nourri» leur modèle avec les quantités produites de ces particules et leur utilisation dans les différents produits ainsi quavec les données sur les cycles de vie attendus des différents «nano-produits» - soit utilisation, durée de vie ainsi que les modalités de leur recyclage ou de leur élimination. Pour chaque stade, les scientifiques de lEmpa ont estimé la libération de nanoparticules dans lenvironnement et ont modélisé le comportement des particules par exemple lors de lincinération des produits éliminés dans une usine dincinération des ordures ménagères (UIOM) ou lors de lépuration des eaux usées dans une station dépuration des eaux (STEP). Les quantités ainsi calculées de particules libérées dans les différents écosystèmes dans lair, les lacs et les cours deau et dans le sol ont été comparées avec les concentrations pour lesquelles les études toxicologiques nont décelé aucun effet négatif sur les organismes vivants. Cette comparaison fournit ce quon appelle un quotient de risque pour les différents écosystèmes pour les particules étudiées, une procédure usuelle qui est utilisées dans toute lUnion européenne pour léclaircissement des risques découlant des produits chimiques. Les risques calculés pour les différentes nanoparticules diffèrent nettement entre eux, ainsi que Nowak et Müller lont maintenant publié dans la revue scientifique «Environmental Science & Technology». Ainsi, par exemple, «les produits renfermant des NTC sont le plus souvent soit recyclés, soit finissent dans une UIOM», explique Nowak. Là ces nanotubes de carbone brûlent an majeur partie ou sont retenus efficacement lors du filtrage des effluents gazeux. Ces simulations montrent que les particules de TiO2 pourraient par contre très bien apparaître en des quantités «plus grandes» dans les petits cours deau dans lesquels sécoulent de grandes quantités deau issues de stations dépuration. Il serait indiqué de procéder là à des analyses plus précises pour trouver entre autres si ces nanoparticules polluent effectivement ces cours deau avec les quantités calculées, car «dans un environnement aqueux de nombreuses nanoparticules sagrègent très facilement pour former des microparticules plus grosses qui se déposent dans les sédiments», précisent les scientifiques de lEmpa. |
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| Les puces deau (Daphnia magna) qui réagissent de manière extrêmement sensible aux polluants sont fréquemment utilisées pour les études toxicologiques pour trouver quels sont les effets des nanoparticules sur les organismes aquatiques. (Photographie: André Künzelmann, Helmholtz-Zentrum für Umweltforschung UFZ, Allemagne) | | | Les études toxicologiques à long terme sur des organismes modèles font encore défaut Différentes études toxicologiques sur des cellules et des «organismes modèles» tels que des poissons, des puces deau, des algues et des bactéries ont aussi été présentées. «Personne na encore agité de drapeau rouge, jusquici tous considèrent que les nanoparticules ne posent pas de graves problèmes environnementaux», résume Bernd Nowack. Toutefois, comme il lindique, à cette restriction près que jusquici seuls les effets aigus ont été étudiés. «Des résultats détudes à long terme font encore défauts.» |
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Par ailleurs, le chercheur de lEmpa Harald Krug a montré de manière impressionnante que les tests actuellement couramment utilisés pour la détermination de la toxicité des nanoparticules ne fournissent pas toujours des résultats fiables. Ils peuvent en effet parfois fournir des résultats «faussement positifs» qui font classer comme toxique une particule en fait inoffensive par exemple par le fait que les nanomatériaux examinés, tels que les nanotubes de carbone, réagissent directement avec les produits chimiques utilisés pour tester la «fitness» des cellules et faussent ainsi les résultats. Renseignements: Létude de Bernd Nowack et Nicole Müller publiée dans «Environmental Science & Technology» peut être téléchargée sous: http://pubs.acs.org/cgi-bin/asap.cgi/esthag/asap/html/es7029637.html Rédaction: |
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