La SATW et lEmpa lancent la discussion sur les aspects éthiques des technologies convergentes
Nano-Bio-Info-Cogno: lorsque les disciplines scientifiques fusionnent
Les limites entre les différentes disciplines des sciences physiques et naturelles modernes sestompent de plus en plus, une «véritable» interdisciplinarité conduit à une fusion de nombreux domaines du savoir. Cest surtout à linterface entre la nanotechnologie, la biotechnologie et les technologies de linformation ainsi que les sciences de la cognition que les choses bougent beaucoup. Les micropuces implantables, qui grâce au savoir-faire nano communiquent avec les cellules corporelles et transmettent leurs données à un ordinateur, ne sont là quun exemple parmi dautres. A la mi-novembre, quelques 30 experts se sont réunis à lEmpa St-Gall sur invitation de la Commission de léthique et de la technique de lAcadémie suisse des sciences techniques SATW pour y discuter de la convergence «Nano-Bio-Info-Cogno» et des questions éthiques qui y sont liées par exemple celle de «lamélioration» de lhomme et sous quelle condition une telle «amélioration» est admissible.

légende: Le Prof. Dr Lorenz Hilty, chef du laboratoire «Technologie et société» de lEmpa et hôte de cette réunion. «Notre objectif était didentifier les principales questions éthiques en relation avec les technologies convergentes pour ensuite les approfondir une à une lors de manifestations ultérieures» a déclaré Ulrich Lattmann, président de la Commission de léthique et de la technique de la SATW et organisateur de cet atelier de travail. | ||||
| Il sagit maintenant de sattaquer à cette tâche, cette première rencontre ayant fourni assez de «matière première». Cela entre autres parce que les participants en entière conformité avec les thèmes abordés provenaient des horizons les plus divers. Ainsi que la relevé Lorenz Hilty qui dirige le laboratoire de lEmpa «Technologie et société» et était lhôte qui recevait cette manifestation, il est des plus réjouissant que toutes les quatre académies suisse à côté de la SATW, lAcadémie des sciences naturelles (SCNAT), lAcadémie suisse des sciences médicales (ASSM) et lAcadémie suisse des sciences humaines et sociales (ASSH) aient participé à cette discussion. «Ceci à conféré à cette réunion un caractère véritablement interdisciplinaire.» | |||
Transhumanisme ou la tentative «daméliorer» lhomme Et ce ne sont en effet pas les questions brûlantes qui manquent: où cesse la thérapie et où commence la manipulation de lhomme? Ou sous quelles conditions est-il souhaitable ou non dexercer sciemment une influence sur la conscience et lidentité humaine? Que se passera-t-il si tous les objets qui nous entourent deviennent «intelligents» et sont en réseau lorsque nous aurons ainsi crée un «Internet des choses» dans lequel nous vivrons? Lexemple de «lamélioration de lhomme» a mis en évidence une des difficultés de ce discours. «Aussi longtemps que nous parlons de thérapie médicale, il y a obligation éthique de soigner», explique Lorenz. «Fort bien. Mais souvent il nexiste quune frontière étroite et floue entre thérapie et amélioration.» Cependant bien que le progrès technique ouvrira dans lavenir des possibilités qui paraissaient tenir de la science fiction il ny a encore que quelques années, les questions qui les accompagnent nont souvent rien de nouveau. «Les tentatives «daméliorer» lhomme sont pratiquement aussi anciennes que lhumanité», a déclaré par exemple Anders Sandberg du Uehiro Centre for Practical Ethics à lUniversité dOxford. Sandberg participe aussi au projet «ENHENCE» financé par lUE et qui soccupe des questions éthiques et philosophiques en relation avec ce que lon appelle le transhumanisme. Lépopée babylonienne de Gilgamesh, le plus vieux «roman» de lhumanité, traite de limmortalité, «en quelque sorte lamélioration humaine par excellence» comme le relève Sandberg. De plus les frontières ne sont là pas non plus aussi nettes que lon pourrait le croire. «Lorsque nous buvons du café, la caféine augmente notre pouvoir de concentration. Cependant très eu dentre nous pensent à lamélioration de lhomme lorsquils boivent du café», déclare Sandberg. Pour les médicaments qui augmentent les facultés cognitives, tels que les psychostimulant Modafinil, le cas est déjà plus clair. Ce médicament développé à lorigine pour soigner la narcolepsie est utilisé aujourdhui par exemple par les étudiants avant un examen et cela contrairement à sa destination originelle, dans ce que lon appelle un «off-label use» pour augmenter les capacités de mémorisation. | ||||
Linterface entre lhomme et des machines de plus en plus «intelligentes» au centre de lattention Dans le domaine des interfaces homme-machine lavenir à déjà commencé. «Dans un club de Barcelone, les hôtes peuvent se faire implanter une micropuce servant à les identifier, à payer leur entrée et leur consommation etc.», a rapporté Arie Rip, un expert de lévaluation des choix technologiques de lUniversity of Twente. «Ceci est une pure affaire de mode mais aussi le premier pas vers lhomme lisible par ordinateur.» A propos dordinateurs: différentes études menées sur des enfants qui passent beaucoup de temps à jouer sur un ordinateur montrent selon Sandberg que les ordinateurs nous influencent déjà aujourdhui et cela sans convergence technologique. «Les jeux sur ordinateur influencent notre capacité visuelle», explique Sandberg. Les enfants qui jouent souvent sur un ordinateur présentent une meilleure capacité visuelle dans la périphérie de leur champ visuel. «Quant à savoir si cela est bon ou mauvais, il faudra encore attendre pour le savoir», commente Sandberg. | ||||
| Les rapports entre lhomme et les machines plus ou moins «intelligentes» est sans cesse revenu au centre de la discussion. Pour Torsten Fleischer de lInstitut «für Technikfolgenabschätzung und Systemanalyse» du «Forschungszentrum Karlsruhe», il sagit pour les technologies convergentes de lintégration de lhomme dans un univers de plus en plus en plus technifié, donc de la possibilité ou de lobligation pour lhomme de pouvoir communiquer toujours plus efficacement avec la machine. «Et la question qui simpose immédiatement et de savoir à qui cette communication est imposée.» Karl Knop de la SATW est du même avis; les technologies convergentes rendent en quelque sorte perméable la frontière entre nature animée et nature inanimée. «Le défi éthique est pour moi de savoir si nous avons sans plus le droit de franchir cette barrière?» | |||
Le but: une «table des dix commandements» pour les scientifiques A la fin de cette rencontre tous les participants partageaient lavis quau lieu de mener des discussions éthiques abstraites, les réunions futures devraient être plutôt consacrées à des applications concrètes telles que la stimulation cérébrale, les matériaux «intelligents» ou les nouvelles technologies didentification et de surveillance pour en tirer des recommandations sur leur application. «Ce dont nous avons besoin cest dune sorte de «table des dix commandements», dun catalogue de directives définissant ce quest une pratique juste et bonne», a résumé Thomas Stieglitz, qui expert en microtechnique biomédicale à lUniversité de Fribourg-en-Brisgau. | ||||
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