Gaspillage des ressources: les déchets électroniques trop souvent incinérés au lieu dêtre recyclés
Une initiative de lONU en faveur de lamélioration du recyclage des déchets électronique
Le 7 mars 2007 a marqué le lancement officiel de linitiative mondiale «Solving the E-Waste Problem» (StEP) sous la direction de lUniversité des Nations Unies (UNU) et dautres organisation des Nations Unies. Cette initiative vise à augmenter la durée de vie des ordinateurs et autres appareils électroniques domestiques, à réduire la pollution de lenvironnement provoquée par leur élimination ou leur recyclage et à améliorer la valorisation des matériaux dun prix en augmentation constante que renferment les déchets électroniques (e-déchets). LEmpa et le Secrétariat dEtat à léconomie (SECO) représentent la Suisse dans cette initiative à laquelle participent plus de 40 entreprises industrielles, institutions de recherche et organisation gouvernementales et non gouvernementales.
Avec chaque produit équipé dune pile ou muni dune prise que nous jetons aux ordures ordinateurs, téléviseur, téléphone mobile, baladeurs MP3, pour nen citer que quelques-uns nous gaspillons des ressources précieuses. Les montagnes de e-déchets croissent à une allure vertigineuse dans le monde entier. De plus, les appareils électroniques usagés qui sont exportés dans les pays du tiers monde ne sont le plus souvent pas réutilisé mais éliminés de manière illégale, le plus fréquemment en les brûlant, ce qui ne détruit pas seulement irrémédiablement les composants réutilisables mais contribue pour une part importante à la pollutions de lenvironnement dans ces pays. «Ces montagnes de e-déchets ne sont pas seulement une mine dor» déclare de chercheur de lUNU Rüdiger Kühr. «Le partenariat StEP international sengage pour un recyclage accru de ces ressources précieuses et pour empêcher ainsi quelle ne polluent lenvironnement.» | |||
| A côté des métaux précieux tels que lor, le palladium et largent, dautres éléments rares jouent un rôle de plus en plus important dans la fabrication des composants électroniques. Par exemple lindium, un sous-produit de lextraction de létain, qui est utilisé chaque année dans plus dun milliard de produits électroniques tels que les écrans plats et les téléphones mobiles. | ||
Au cours des cinq dernières années, le prix de lindium sur le marché mondial a plus que sextuplé et il est devenu entre temps plus cher que largent. Bien que les réserves mondiales dindium soient lentement en voie dépuisement, ce métal rare nest recyclé que dans quelques usines aux USA, en Belgique et au Japon. Le Japon fait là uvre de pionnier, ce pays couvre en effet près de la moitié de ses besoins dindium par le recyclage. Mais lindium nest pas un cas isolé. Le bismuth lui aussi, qui est utilisé pour le brasage sans plomb est aujourdhui deux fois plus cher quen 2005. Et le prix du ruthénium, utilisé dans les disques durs des ordinateurs et les résistances électriques, a même augmenté de sept fois et cela en une année seulement. «Ces augmentations de prix parfois massives nous montrent que notre approvisionnement en ces éléments rares nest pas assuré pour léternité à moins que nous nétablissions un système de recyclage fonctionnant bien pour les récupérer à partir des appareils usagés», explique Kühr. | |||
| Une charge importante pour lenvironnement et la santé due au recyclage inadéquat des e-déchets Ce nest toutefois pas seulement la pénurie des ressources qui rend indispensable un recyclage des matières premières de valeur. Un traitement inapproprié et sans scrupule des e-déchets provoque dinnombrables problèmes denvironnement et de santé. | ||
Ces problèmes proviennent entre autres des dioxines, des furanes et des hydrocarbures aromatiques polycycliques extrêmement toxiques qui se forment lors de la combustion du PVC mais aussi des produits ignifugeant polybromés (platines et boîtiers dordinateurs, câbles électriques), des biphényles polychlorés (PCB, dans les transformateurs et les condensateurs) ainsi que le plomb, le mercure, le cadmium, le chrome et autres métaux lourds (entre autres, écrans dordinateurs). Des études ont montré que la population est de plus en plus contaminée par ces métaux lourds qui peuvent provoquer des malformations du système nerveux et des cancers. Dans les pays émergeants et en voie de développement de plus en plus de personnes vivent du recyclage des e-déchets. Le plus souvent ce recyclage se fait dans des «ateliers darrière-cour» où les travailleurs - des hommes, des femmes et des enfants sont exposés à des dangers considérables. Lélaboration dun guide valable mondialement pour le désassemblage des e-déchets et la maximisation du rendement du recyclage est lun des objectifs prioritaires de linitiative StEP. Un projet qui doit par exemple aider la Chine à traiter et à éliminer ses propres e-déchets en toute sécurité est déjà en cours. | |||
La StEP est une initiative du lUNU, du Programme des Nations Unies pour lEnvironnement (PNUE) et de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED). Différents groupes de travail soccupent de thèmes tels que la prolongation de la durée de vie des produits électroniques et de leur réutilisation ainsi que de la création de linfrastructure et du savoir-faire nécessaire dans les pays concernés. Le laboratoire «Technologie et Société» de lEmpa qui sur mandat du SECO réalise depuis plus de trois ans déjà un programme «Partenariat scientifique dans le recyclage des e-déchets» dans des pays comme lInde, la Chine et lAfrique du Sud, prendra la tête du groupe «Recycling» de la StEP. «La StEP permet à nos partenaires et à nous-mêmes de lancer et de financer des projets urgents. Une étudiante vient justement dachever son travail de diplôme consacré à létude de lefficacité de la récupération de lor sur les platines dordinateur par le recyclage «darrière-cour» à Bangalore en Inde», explique le chercheur de lEmpa Rolf Widmer qui dirige le groupe de travail «Recycling»de la StEP. Ce travail a été rendu possible grâce à la collaboration de différents membres du StEP, et plus particulièrement de ses partenaires industriels. «Cest précisément ce pour quoi nous avons participé activement il y a deux ans et demi à la création de la StEP», déclare Widmer. | |||
| La quantité de e-déchets annuelle remplirait une file de camions qui ferait le tour de la moitié de la terre Les e-déchets sont une des catégories de déchets dont laugmentation est la plus rapide et aussi la plus inquiétante. LAgence européenne pour lenvironnement a calculé que la quantité de e-déchets actuellement 40 millions de tonnes par année augmente trois fois plus vite que celles de tous les autres types de déchets ménagers. Si lon chargeait ces e-déchets dans des camions à ordures, on obtiendrait une file de camions qui ferait la moitié du tour de la terre. | ||
Des cycles de produits toujours plus courts - principalement dans les technologies de linformation et de la communication (ICT) provoquent une croissance toujours plus vertigineuse de la montagne des e-déchets. LOrganisation de coopération et de développement économiques (OCDE) fait état pour lannée 2004 dun chiffre daffaire de 2.2 billions de francs, soit 2.2 millions de millions de francs pour le commerce ICT mondial, montant qui équivaut aux 7.7 pour-cent du produit social brut mondial. Alors quen2004 en Allemagne un ménage sur deux possédait un ordinateur, à la fin 2006 les 75 % de tous les ménages allemands en étaient déjà équipés. Au Japon, léquipement en ordinateurs est tout aussi élevé, alors que seuls 0.07 pour-cent des ménages en possèdent au Niger, 1.2 pour-cent en Inde, 2.3 pour-cent en Bolivie et 4.1 pour-cent en Chine. Le potentiel de croissance pour les appareils électriques est donc énorme cela plus particulièrement dans les pays en voie de développement et les pays émergeants et la montagne des e-déchets nest donc pas près de diminuer. La fabrication dun ordinateur de bureau consomme 1.8 tonnes de matières premières Une durée de vie et une réutilisation accrue des appareils électriques aideraient aussi à réduire la pollution de lenvironnement découlant de leur production. Louvrage publié par lUNU «Computers and the Environment» arrive à la conclusion quun PC moyen avec son écran consomme pour sa production près de 10 fois son poids dénergies fossiles. Par comparaison, la production dune automobile ou dun réfrigérateur ne demande quune quantité dénergie égale à une ou deux fois le poids du produit. Concrètement cela signifie que la fabrication dun PC avec un écran de 17 pouces nécessite 240 kilogrammes dénergies fossiles, 22 kilogrammes de produits chimiques et 1500 litres deau soit au total 1.8 tonnes de matière premières, léquivalent du poids dun 4x4 ou dun rhinocéros. «Il est clair que cest maintenant que nous devons nous atteler à la résolution des problèmes liés à laccroissement des quantités de e-déchets tels que lépuisement des ressources, la pollution de lenvironnement et les atteintes à la santé», déclare le recteur de lUNU, Hans van Ginkel qui est convaincu que linitiative StEP profitera finalement à tout le monde. «Les entreprises qui participent à la StEP profiteront dun système de recyclage et délimination des e-déchets mondialement unifié, sûr et écologique. Par ailleurs, leurs produits devraient pouvoir être plus facilement remis à jour car acheter un produit neuf alors que seul un des composants de lancien devrait être remis à jour est un gaspillage extrême. Et les consommatrices et les consommateurs en profiteront eux aussi car ils se verront offrir dune part des appareils électriques et électroniques ayant une plus longue durée de vie et quils sauront que faire de leurs appareils usagés» commente van Ginkel. Le sigle StEP sur les appareils électriques et électroniques signalisera à lavenir que leur fabricant satisfait les directives de «best practice» internationales en matière de valorisation des e-déchets.
Rédaction: | |||
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