Fibres synthétiques capables d´inclure des médicaments

Des chemises médicinales

11 oct. 2018 | ANDREA SIX

Un textile capable de libérer un médicament pourrait par exemple contribuer au traitement des plaies cutanées. Une équipe de l´Empa met actuellement au point des fibres synthétiques capables d´inclure des médicaments. Ces fibres détectent d´elles-mêmes le moment où agir et relâchent la quantité exacte de substance active nécessaire à l´endroit voulu.

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Dans le cadre du projet «Self Care Materials», ils réalisent des polymères biologiquement dégradables en recourant à divers processus. «C´est l´usage visé qui décide du meilleur processus de fabrication» précise René Rossi, chercheur à l´Empa et coordinateur du projet. Ainsi, l´électrofilage permet de réaliser des membranes douces et légères de grande surface. Lorsqu´on a besoin de fibres robustes, par exemple pour des tenues de protection, on préfère l´étirage de la substance active fondue. Au final, tous ces processus fournissent des fibres nouvelles nanoarchitecturées en plusieurs couches de divers composants. «Nous étudions actuellement les caractéristiques de ces nouveaux matériaux en conjonction avec plusieurs substances test» indique Rossi. Les produits finis pourraient par exemple contenir des antibiotiques ou des analgésiques.

Le dosage précis de la substance libérée est assuré par un mécanisme ingénieux: certains types de polymères se décomposent au contact du corps, mais seulement sous certaines conditions. Le phénomène peut être exploité de manière ciblée. «Les fibres doivent réagir au stimulus corporel par un taux de libération du médicament bien calculé». Parmi ces stimuli, on retient par exemple le changement de pH des plaies qui signale que les tissus cutanés concernés doivent être traitées. Les fibres médicinales, également nommées Self-Care-Material, sont mises en œuvre sous forme de pansement ou de pièce intégrée à un vêtement et participent ainsi au diagnostic et au traitement de différentes maladies.

«Les applications possibles des fibres self-care sont innombrables» remarque Rossi. Pour régler le dosage du médicament, on peut exploiter divers signaux chimiques émanant du corps, mais également des signaux envoyés de l´extérieur. Les textiles et les bandages peuvent réagir à une légère pression ou à un stimulus lumineux. Ce qui permettrait d´améliorer le bien-être des patients et de décharger le personnel soignant.

Cette technique a également sa place dans la prévention. En effet, si l´on peut libérer des substances actives, on peut inversement provoquer l´absorption de substances par les fibres. «Le principe peut être inversé, les fibres agissant comme détecteur et mesurant par exemple la teneur en sucre du sang» explique Rossi. Un exemple: l´équilibre glycémique des nouveaux-nés est souvent menacé. Des capteurs adaptés peuvent en suivre l´évolution à travers la fine peau des bébés, sans douleur, sans la piqure d´une prise de sang.

L´équipe scientifique de l´Empa et de l´EPFL poursuivra sa collaboration sur le projet CCMX de développement de fibres médicinales intelligentes jusqu´en 2020. Vingt partenaires industriels ont déjà rejoint le projet, dont Syngenta et – dernier venu – Nanosurf, de Liestal. L´association professionnelle Swiss Textiles et le  réseau d’innovation textile Subitex participent également au projet.
Informations

Prof. Dr. René Rossi
Biometric Membranes and Textiles
Tél. +41 58 765 74 00
rene.rossi@empa.ch


Rédaction / Contact médias

Andrea Six
Communications
Tél. +41 58 765 47 08
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