Un chercheur de lEmpa récompensé par le «Josef-Umdasch-Forschungspreis»
La forêt et le bois pour lutter contre le changement climatique
Le réchauffement climatique est dans toutes les bouches de même que la recherche de mesures efficaces pour soustraire de latmosphère le dioxyde de carbone qui contribue à ce réchauffement. Un modèle dordinateur développé par le chercheur de lEmpa Klaus Richter en collaboration avec un bureau détude privé et lInstitut fédéral de recherche sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) qui permet de simuler différents scénarios dexploitation forestière et dutilisation du bois sest vu décerner le «Josef-Umdasch-Forschungspreis» le 17 novembre à lUniversität für Bodenkultur à Vienne.

«Plantez des arbres!», cest ce que préconise Al Gore dans son film sur le réchauffement climatique «An Inconvenient Truth» qui passe actuellement dans les salles. Lefficacité du boisement et du reboisement et dune utilisation accrue du bois a fait lobjet de discussions controverses ces dernières années en particulier dans le contexte de lapport de la preuve du respect de leurs engagements par les pays signataires du Protocole de Kyoto. Les calculs effectués par ce chercheur avec son modèle montrent quen Suisse une optimisation immédiate de lexploitation des forêts et de lutilisation du bois peut effectivement contribuer à abaisser le taux du gaz à effet de serre quest le dioxyde de carbone cela toutefois dans 15 à 20 ans seulement. Cest en effet le temps nécessaire pour que les forêts sadaptent à une exploitation plus poussée et pour que le bois de construction ainsi produit soit effectivement utilisé dans les bâtiments. | ||||
| A moyen et long terme une politique climatique nationale coordonnée permettra dobtenir des résultats certains, comme le déclare Klaus Richter qui dirige le Laboratoire Bois de lEmpa. Avec lInstitut fédéral de recherche sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) et des partenaires privés, il a calculé sur mandat de lOffice fédéral de lenvironnement (OFEV) limpact dune stratégie dexploitation des forêts et du bois sur le bilan de CO2 de la Suisse au cours des 130 prochaines années. Une augmentation de la consommation du bois de 0.81 millions de mètres cubes permettrait de réduire de 1,1 pour-cent les émissions de gaz à effet de serre suisses qui se montent actuellement à 53 millions de tonnes déquivalent CO2. | |||
«En plus de cette réduction, le bois immobilisé dans le parc immobilier représenterait 32 millions de tonnes de CO2, ce qui équivaut tout de même à 60% des émissions de gaz à effet de serre dune année» explique Klaus Richter qui admet cependant quà elle seule une utilisation accrue du bois dans la construction ne permet ni de remplir les engagements du protocole de Kyoto ni de stopper le réchauffement climatique. | ||||
| Les maisons comme puits à carbone «Pleine utilisation de laccroissement maximal» telle est selon le modèle dordinateur la mesure déconomie forestière la plus efficace sur la plan global et non pas, chose étonnante, le boisement de ce que lon nomme des forêts Kyoto, pour former dénormes stocks de biomasse qui sont toutefois vulnérables. Comme le relève Klaus Richter, la forêt est tout de même reboisée mais le bois qui pousse est continuellement et entièrement récolté, donc abattu. | |||
Ainsi la forêt demeure à son optimum dexploitation au contraire des forêts qui ne sont pas exploitées et qui présentent un survieillissement relativement rapide. Dans ces dernières les arbres perdent leur stabilité, ils deviennent plus sensibles aux tempêtes et aux insectes et ne peuvent ainsi plus remplir leur fonction de puits de carbone. Par contre si le volume daccroissement du bois est utilisé par exemple dans les dalles ou les parois de bâtiments ou encore dans des meubles il fonctionne comme puits à carbone supplémentaire, le bois de construction sec étant est tout de même formé pour moitié de carbone. De plus ceci conduit à une économie des combustibles fossiles car les déchets de bois produits lors de lusinage et le bois de démolition des immeubles peuvent servir pour ainsi dire de substitut du pétrole. «Utiliser le bois aussi longtemps que possible comme matériau», cest ce que recommande Klaus Richter, car le reboisement ne suffit pas à lui seul à retirer le CO2 de latmosphère. | ||||
| Des réponses grâce à la modélisation sur ordinateur Le jury du prix Josef Umdasch a considéré comme particulièrement digne dune distinction le fait que ce modèle dordinateur permet de simuler les flux de carbone avec une précision jamais atteinte jusquici. Les scénarios de gestion forestière et dutilisation du bois modélisés ont permis au groupe de chercheurs démettre des recommandations concrètes pour la Suisse. Pour cela ils ont assemblés en un tout les trois modélisations pour lexploitation forestière, lindustrie de transformation du bois et les effets de substitution. | |||
En collaboration avec son ancien collaborateur Frank Werner, aujourdhui propriétaire du bureau dingénieur conseil «Umwelt und Entwicklung», Richter a déterminé les effets de substitution autrement dit de lutilisation du bois en remplacement des supports énergétiques fossiles et comme matériau de substitution du béton, de lacier ou des matières plastiques qui contribuent de manière déterminante à la réduction du CO2. Pour cela ces chercheurs ont recouru entre autres au savoir-faire technique et aux données quils avaient déjà calculées pour la banque de données de bilans écologiques la plus vaste au monde quest «Ecoinvent». La tâche des chercheurs a été rendue particulièrement difficile par le fait quils devaient aussi tenir compte des flux de matière transfrontaliers. Le modèle fait ainsi une distinction entre les effets à lintérieur de la Suisse et au-delà de ses frontières une nécessité absolue sur le plan politique pour pouvoir émettre des avis fondés dans les rapports destinés à la Convention climatique. Léquipe lauréate espère que cette distinction qui lui a été attribuée contribuera à sensibiliser les milieux de la politique et de la construction aux possibilités quoffre une optimisation de lexploitation des forêts et de lutilisation du bois. «Avec une augmentation conséquente de lutilisation du bois, le problème du CO2 nest certes pas encore résolu», admet Klaus Richter. «Mais le bois est une pièce importante dun grand puzzle.» Auteur: Manuel Martin Pour plus dinformations: Dr. Klaus Richter, Chef du Lab. Bois, +41 44 823 43 89, Rédaction et commande des illustrations:
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