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Les matériaux dans un univers digitalisé

3 mai 2017 | GIAN-LUCA BONA
Laissez-vous surprendre par l’étendue des domaines qu’aborde l’Empa dans la recherche appliquée en science des matériaux et dans les développements technologiques en parcourant les articles sur ses différents thèmes de recherche et projets.
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L’année dernière deux conférences qui ont eu lieu à l’Empam’ont incité à mener une réflexion sur le développement technique et social. Dans l’une d’elles, le président du Conseil suisse de la science et de l’innovation, Gerd Folkers, montrait que le nombre des chercheurs ainsi que leur monnaie qu’est le nombre de publications, n’ont fait qu’augmenter ces dernières années et que dans de nombreux domaines la recherche s’éloigne des questions fondamentales pures pour s’orienter vers le savoir commercialisable. Qu’est-ce que cela signifie pour nos chercheuses et nos chercheurs? Qu’ils devraient garder sans cesse à l’esprit que le but de toute recherche est de repousser les limites du savoir. Ils n’y parviendront que s’ils se ménagent des espaces de liberté pour une pensée et un questionnement créatifs et que s’ils ne se laissent pas inciter par une concurrence globalisée à redorer leur curriculum vitae par des publications «qui font le buzz».

Dans l’autre, le directeur du centre de recherche IBM à Rüschlikon, Alessandro Curioni, présentait les développements actuels en matière d’informatique cognitive – autrement dit des systèmes informatiques qui, comme notre cerveau, sont capables de saisir des données non structurées, de les analyser, d’en tirer des enseignements et de les mettre à disposition sous une forme résumée ou même retraitée. Ceci permet, par exemple, de développer de nouveaux alliages que l’on peut optimiser par la combinaison de différentes classes de maté-riaux. Mais ceci recèle aussi le risque que les ordinateurs rendent l’homme (et les chercheurs) obsolète pour la résolution de certains problèmes puisqu’ils peuvent tout simplement mieux les résoudre.

L’association des messages de ces deux conférences ouvre des perspectives intéressantes. Le traitement de la masse énorme de données que génère la recherche actuelle – dans la seule science des matériaux le nombre annuel des publications atteint des centaines de milliers – est une tâche devenue impossible pour le cerveau humain. Un ordinateur qui imite les schéma de la pensée humaine peut apporter là son soutien aux chercheurs et leur ménager ainsi des espaces de liberté pour qu’ils puissent davantage s’aventurer dans des domaines inconnus et laisser jouer leur imagination créatrice au lieu de ne publier que des données sèches qui se vendent bien parce que le thème de recherche est justement à la mode.

L’informatique cognitive n’est toutefois qu’un volet de la digitalisation galopante qui bat aussi son plein à l’Empa. Nous nous investissons de plus en plus dans les simulations et les modélisations sur ordinateur de problèmes scientifiques. Dans le «Coating Competence Center» (CCC) et bientôt dans le «Center for Advanced Manufacturing» (CAM), où naissent de nouveaux matériaux pour la fabrication additive, on anticipe quasiment les procédés de fabrication de l’avenir – et cela en majeure partie de façon digitale, que ce soit dans le développement et le design des produits, le contrôle de qualité ou dans l’optimisation des canaux de distribution. Nous travaillons aussi au couplage énergétique des démonstrateurs NEST et move avec un troisième démonstrateur, ehub, et à doter ces démonstrateurs d’une commande intelligente.

Toutes les plateformes de recherche de l’Empa – NEST, move, ehub, CCC et CAM – sont ouvertes aux projets de l’Internet des objets et de l’industrie 4.0. En commun avec nos partenaires de l’industrie, de l’économie et de la recherche nous désirons créer un «écosystème» pour l’innovation ouverte. L’accélération marquante de la mutation technologique provoquée par la digitalisation nous concerne tous et c’est pourquoi nous devons travailler ensemble à l’aménager et à la gérer. Afin que la Suisse puisse en tirer le meilleur profit.

Informations

Dr. Michael Hagmann
Communications
Tél +41 58 765 45 92


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