47e Apéro scientifique sur le changement climatique en Suisse

En première ligne sur le front de la protection du climat

Dec 3, 2012 | CORNELIA ZOGG

Le climat est depuis des années un thème qui occupe les milieux politiques, économiques et scientifiques. A Doha, la conférence de l’ONU sur le climat qui vient de s’achever s’est efforcée de fixer des directives et des objectifs dans la lutte contre les émissions sans cesse croissantes des gaz effet de serre. Le réchauffement climatique et les changements qui y sont liés touchent aussi la Suisse. L’Apéro scientifique de l’Empa sur ce thème a soulevé un intérêt considérable.

/documents/56164/266851/a592-2012-12-03-s_stopper-WAP.jpg/9d13b779-5d9c-4ccb-9ff8-bbf01b29aa6b?t=1448304312367
 

(Source: iStock)

 

Les gaz à effet de serre sont au centre de toutes le préoccupations. Ils contribuent au réchauffement climatique mondial et il est donc nécessaire d’en réduire les émissions dans l’atmosphère. Ces gaz climatiques proviennent des sources les plus diverses. Le dioxyde de carbone (CO2) se forme avant tout lors de la combustion des carburants et combustibles fossiles. D’autres, tels que les composés halogénés, sont produits par l’industrie pour les application les plus diverses et quelques-uns – tels que par exemple le méthane et le protoxyde d’azote (N2O, aussi dénommé gaz hilarant) – proviennent de l’agriculture.

Afin de contrôler les émissions de gaz à effet de serre et établir des pronostics sur celles-ci, les pays industrialisés se sont engagés à déclarer chaque année leurs émissions. Mais ces chiffres devraient être contrôlés comme l’explique Stefan Reimann du laboratoire Polluants atmosphériques / Technique de l’environnement de l’Empa. Pour cela, il est important de pouvoir mesurer avec précision différents gaz traces dans l’atmosphère. Une station, exploitée par l’Empa, où l’on effectue de telles mesures se trouve sur le Jungfraujoch. «La mesure dans l’air atmosphérique des gaz à effet de serre halogénés est des plus utiles pour la validation des valeurs d’émissions déclarées» relève Reimann. C’est la seule manière de s’assurer que les pays européens respectent les directives, que les quantités qu’ils déclarent correspondent effectivement à leurs émissions et qu’ils ne libèrent pas de substances interdites dans l’atmosphère.

Sur la trace des sources de pollution 

Pour pouvoir assumer cette fonction de contrôle, il ne suffit cependant pas de déterminer uniquement les quantités de polluants présentes dans l’air. A l’aide de données météorologiques – telles que les cartes des vents – l’équipe de Reimann peut déterminer par simulation sur ordinateur les sources de la pollution. Elle obtient ainsi des données précieuses pour vérifier les déclarations d’émission des pays européens. Avec ses instruments de mesure installés sur le Jungfraujoch, l’Empa fournit une technologie clé pour le contrôle de la pollution au niveau mondial.

Depuis longtemps déjà l’industrie est à la recherche de produits de remplacement pour les substances qui ont été entretemps interdites. Le bromure de méthyle, par exemple, un pesticide utilisé dans l’agriculture, est interdit depuis 2005. Auparavant, les mesures permettaient de constater des concentrations élevées de ce gaz à effet de serre au-dessus de l’Italie et de l’Espagne alors que les chiffres actuels montrent que cette interdiction produit ses effets: on ne constate pour ainsi dire plus aucune émission de bromure de méthyle.

 

 

Des risques et des défis pour l’agriculture 

«L’agriculture est souvent présentée comme une coupable du réchauffement climatique, mais elle en est aussi une des victimes» explique Jürg Fuhrer de la station de recherche Agroscope de Reckenholz-Tänikon (ART). Les agriculteurs suisses doivent s’attendre à de nouvelles conditions de température et de précipitations. Fuhrer leur conseille une stratégie d’adaptation. Pour cela il est important de connaître les risques et non seulement les effets possibles de ce réchauffement. Différentes mesures montrent que pour une augmentation de la température d’un degré déjà, il faut s’attendre à une diminution du rendement des cultures de deux à sept pour-cent. Les précipitations plus fréquentes et plus importantes pronostiquées ne devraient par contre guère exercer d’influence sur l’agriculture de notre pays.

Toutefois Fuhrer n’est pas rassurant. L’augmentation des températures risque de provoquer une pénurie d’eau – principalement en Suisse romande. Les parasites pourraient ainsi se multiplier plus rapidement et le bétail souffrir de la chaleur. Les conséquences? Un taux de mortalité plus élevé des animaux d’élevage. Bien que ces risques soient connus, les effets précis du réchauffement climatique sont difficiles à estimer. «L’incertitude est très grande» relève Fuhrer. Ce qui est sûr et certain: la météorologie est un facteur de production élémentaire en agriculture. Les mesures d’adaptation avec des investissements et des assurances supplémentaires ne grèveront pas seulement les frais d’exploitation, elles provoqueront aussi un déplacement du marché qui constituera pour la Suisse un défi. Cette évolution a toutefois aussi pour Fuhrer un côté positif pour la Suisse: il prophétise de bel avenir aux vignerons de notre pays.

La Suisse dans le peloton de tête sur le plan politique

Le climat ne préoccupe pas seulement les milieux de la recherche et de l’agriculture. Sur le plan politique aussi les choses sont en train de bouger. La Suisse participe activement à la conférence de l’ONU sur le climat et veut se fixer de nouveaux objectifs pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre avec une diminution massive de leurs émissions au cours de la prochaine période d’engagement du protocole de Kyoto. La population suisse est aussi engagée à fournir sa contribution. La taxe sur le CO2 et l’obligation de compensation pour les importateurs de carburants est un premier pas dans ce sens. Andrea Burkhardt de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) travaille en première ligne sur ce front. Elle souligne que le débat sur le climat ne doit pas dégénérer en un jeu politique consistant à rejeter la responsabilité sur d’autres. Pour Burkhardt, il est important de reconnaître que la Suisse ne peut pas régler seule les problèmes climatiques et que tous les Etats doivent fournir leur contribution.

Texte: Cornelia Zogg

 
 



 
 

Informations

Rédaction / Contact médias